Italie - Autriche - Allemagne - Suisse


Roulant en Renault Zoé depuis plus d’un an dans la région de Clermont-Ferrand, je suis toujours curieux de lire les messages d’autres conducteurs concernant leurs performances et leurs déboires face aux bornes de recharge.

Puisque, comme toujours en bonne démocratie, les mécontents sont plus bavards que les satisfaits, cette lecture contrastée m’a donné l'envie de tester moi-même les capacités de ma Zoé, non en ville mais au cours d’un périple à travers les Alpes tyroliennes. Pour ce parcours qui me permettrait de gravir de nombreux cols, j’ai pris l'option de n’emprunter que les routes secondaires, bannissant complètement autoroutes et autres voies express.

En un mot, je me suis construit un voyage où je prendrais le temps d’admirer les paysages, de m’arrêter pour photographier quelques lieux privilégiés et où la loi d’un chrono décoiffant ne me polluerait en rien l’esprit.

Pour parachever ce projet, il me restait à résoudre une inconnue : les bornes de recharge… Sans elles, mon désir d’escapade sur les routes entre la France, l’Italie, l’Autriche, l’Allemagne et la Suisse s’arrêterait bien vite.

Contrairement à ce que certains prétendent, elles sont loin d’être inexistantes même si la France n’est pas “premier de cordée”. Si plusieurs sites les répertorient, j’ai opté pour le badge New Motion car son réseau couvre les pays que je désire traverser et son application permet de savoir si la borne convoitée est disponible ou non en temps réel.

Ainsi armé, j’ai tracé sur Google Maps mon itinéraire, une boucle de 2300 km, envisageant une halte à la mi-journée pour effectuer une courte recharge de la voiture pendant le temps du casse-croûte et une ville-étape qui allierait un intérêt touristique à une possibilité aisée de recharger la batterie (hôtel possédant en propre un chargeur, parking public proche de mon hébergement…). 

Dernier point, nous serions deux à participer à ce voyage, avec de l’équipement de randonnée puisque nous avons prévu quelques balades.


25 septembre 2021 : Clermont Ferrand - Aoste (Italie)

Départ au petit matin avec une Zoé chargée à 94% de sa capacité. Temps couvert. J’ai prévu une première escale à Chasse-sur-Rhône sur le parking d’un magasin Lidl doté d’une borne accessible sans badge, permettant une charge rapide et gratuite. New Motion ne répertoriant pas les bornes des supermarchés, c’est en aveugle que nous nous y arrêtons. Bonne fortune, les places réservées aux véhicules électriques sont libres et après avoir effectué quelques achats alimentaires pour notre prochain déjeuner, nous voilà repartis en direction de Moirans (58), au pied du massif de la Chartreuse. 

Arrivés là-bas sous un pâle soleil, il reste une place de libre à la borne du parking, rue Mozart… ainsi, pendant que nous déjeunons sous l’ombrage d’un vieux tilleul dans le parc attenant, Zoé se recharge.

Pique-nique avalé et câble rangé, nous traversons la Chartreuse (col de la Placette, 588 m), Chambéry, Albertville, Moutiers et rangeons Zoé dans le parking souterrain rue de Pinon à Bourg-St-Maurice où de nombreuses bornes sont à disposition. La journée étant bien avancée, nous n'effectuons qu’une courte recharge jusqu’à 52%.

Au sortir de Bourg-St-Maurice, voici Séez, le point de départ du col du Petit-St-Bernard. Le temps s’obscurcit, la pluie est proche. Une certaine appréhension me gagne. Et si le dénivelé de 1600 mètres qui nous attend avait raison de nos 52% de charge ? C’est une première pour moi.

Heureusement, la montée se déroule très confortablement, les virages s'enchaînent, les points de vue deviennent panoramiques. Mais c’est sous une bourrasque pluvieuse que nous arrivons au col à 2188 m. A mon soulagement, il reste encore 33% de charge… La difficulté de la journée est dernière nous.

La descente de 56 km jusqu’à Aoste est un moment des plus agréables. En effet, le frein régénératif de la voiture (mode B) permet d’éviter le freinage - même dans les pentes importantes - tout en rechargeant la batterie. Voilà pourquoi, arrivés à destination, la jauge nous gratifie d’un 36% de charge.

A quelques mètres de notre hôtel, nous profitons de la dernière place de recharge disponible sur les quatre que comporte la Piazza della Republica. Notre première journée est un succès.


26 septembre 2021 : Aoste - Tirano

Aujourd’hui, aucun col n’est inscrit à notre itinéraire et c’est avec une Zoé chargée à 99% de ses capacités que nous roulons vers Côme. Il nous faut un peu plus de temps que prévu pour l’atteindre car un grave accident oblige chacun à revenir sur ses pas et à effectuer un détour conséquent. Pour l’anecdote, j’ai constaté que la plupart des petites routes en Italie ont une bande centrale ininterrompue, bande qui semble laisser indifférent de nombreux conducteurs italiens qui ne se privent absolument pas de la franchir. Ceci explique peut-être l’accident.

A treize heures bien pesées, nous découvrons enfin le lac de Côme, certes un peu moins enthousiasmant que sur les cartes postales - une grisaille plombe tout l’horizon - il n’empêche, la magie opère.

La borne du Granmercato via Sebenico est disponible et permet d’atteindre les 99% de charge. Remontant le lac de Côme sur sa rive ouest, nous empruntons la fameuse strada statale 38 dello Stelvio, route passant par le col du même nom - le deuxième plus haut col routier des Alpes. Celui-ci est à notre programme du surlendemain car aujourd’hui nous finissons notre journée à Tirano.

L'hôtel nous met à disposition une place avec prise dans son garage, bien que la borne que nous envisagions était disponible. Il s’agit d’une recharge lente (1,7 kWh) mais comme nous passerons la journée suivante en randonnée, cette solution nous convient fort bien.


28 septembre 2021 : Tirano - Cortina d’Ampezzo

Journée chargée comme notre Zoé à 99%. Poursuivant notre route sur la SS38 nous dépassons Bormio pour nous attaquer au géant du jour : le Passo dello Stelvio à 2760 m. Par chance le ciel est au beau fixe et c’est avec émerveillement que nous contemplons des paysages magnifiques. La route, bien que de bonne qualité, est étroite, sinueuse, tantôt empiétant le relief, tantôt se laissant porter par la courbe de niveau. Petit plus non négligeable, non seulement nous ne croisons presque personne sur la route, mais l’expérience du Petit-St-Bernard me permet de ne plus scruter la jauge de façon intempestive. La conduite se fait sans à-coups, la roche dressée est imposante, le ciel plus immense encore… comment n’être pas à  l’unisson d’un tel décor ?

A notre arrivée au col, la charge électrique affiche un 62%. Parfait. Tout en savourant le panorama, nous prenons le temps de faire quelques achats dans les boutiques de souvenirs encore ouvertes malgré cette fin d’été.

La descente est impressionnante. Nous enchaînons prudemment les lacets en épingle et les croisements avec le trafic montant réclame toute notre attention. Arrivés dans la vallée nous prenons la direction de Merano. Nous découvrons des vergers de pommiers sur des dizaines de kilomètres. La circulation est difficile en cette période de récolte où le ballet des petits tracteurs sortant des plantations ralentissent bien souvent le trafic. Que de pommes jusqu'à Bolzano !

Dans cette ville, je constate que la borne sélectionnée n’est pas libre. Qu’importe, je passe au plan B et mon deuxième choix s’avère exact. A côté de ce point de recharge, via Piave, une pizzeria nous attire et nous nous restaurons en terrasse dans une rue piétonne, avec pour dessert une pomme achetée entre Merano et Bolzano.

Le stelvio a beau être derrière nous, l’après-midi jusqu’à Cortina d’Ampezzo nous réserve trois belles montées à travers les Dolomites. Zoé rechargée à 94%, nous partons en direction de l’est pour notre première ascension jusqu’à Carezza à 1650 m. Les Dolomites sont une vraie curiosité. Ces sommets semblent être constitués d'un matériau friable et donnent l’impression qu’ils disparaîtront avec la prochaine pluie. Après Carezza, nous redescendons sur Canazei. Nous sommes bien dans le Tyrol avec ses maisons ultra fleuries et ses hôtels-chalets dignes d’un parc d'attractions.


Nous continuons le trajet en direction du col du Pordoi à 2240 m par la Strada Dolomites pour redescendre ensuite sur le village d’Andraz à 1420 m. La dernière portion de notre parcours nous mène au col de Falzarego à 2100 m. Nous rejoignons ensuite notre destination, Cortina d’Ampezzo, située à la confluence de trois vallées. Ces trois ascensions de l'après-midi n’ont pas impressionné Zoé qui termine à 60% de sa capacité. 


La borne de recharge du parking via Dei Campi est disponible et, à la lecture du panneau accompagnant celle-ci, je comprends que nous devons son installation à Monsieur Audi, un bienfaiteur autoproclamé. La recharge reste néanmoins payante. Le temps pour Zoé d’engloutir quelques kilowatts, nous arpentons la rue principale de Cortina pour découvrir une ville où l’on trouve plus facilement une boutique Yves-St-Laurent qu’une boulangerie.

Le 29 septembre 2021 : Cortina d’Ampezzo - Innsbruck

Le temps est à la pluie, aux nuages bas… tout baigne dans une ambiance grise mine. Nous décidons de modifier notre itinéraire : pour rejoindre Lienz en Autriche, nous prendrons la route SS51 dans la vallée partant vers le nord plutôt que la SR48 montant en lacets vers l’est. Malgré ce changement de vallée, le temps maussade s'installe tout au long du parcours. A Lienz, délaissant la montée du Großglockner par la route 107 en raison de la neige annoncée, nous empruntons la 108 et le Felbertauerntunnel (1620 m) pour rejoindre Zell am See et son lac, notre point de chute à mi-étape.

A quelques pas du lac, les 2 places réservées aux véhicules électriques sur Magazinstraße sont disponibles et la borne, fonctionnelle. Recharge, casse-croûte, promenade sur la rive du lac… nous sommes bel et bien en vacances.

Le restant de l’après-midi sera consacré à rejoindre Innsbruck par les villes de Saalfelden, St Johann et Wörgl sans entrevoir le moindre sommet tant le ciel est bas. La pluie cesse enfin à l’approche d’Innsbruck, notre ville étape où notre hôtel est équipé d’une borne que nous pourrons utiliser gratuitement le temps du séjour. 

Le lendemain, nous partons en randonnée dans le massif du Nordkette, et par chance, le beau temps est au rendez-vous : quelques passages nuageux alternent avec de larges éclaircies ensoleillées. La randonnée au Hafelekar à 2340 m est un régal.



Le 1er octobre 2021 : Innsbruck - Bâle

Au matin, Zoé chargée à 100%, nous sortons d’Innsbruck pour prendre la direction de Zirl puis Reutte. Le temps est au beau fixe et le paysage splendide. Cette route de montagne parcourt de nombreuses stations de skis de faible altitude, Haller près du Haldensee, Tannheimer, Katzensteig en Autriche puis Oberjoch et Immenstadt en Allemagne.

Après Oberstaufen le relief s’assagit et nous laissons les Alpes derrière nous pour rejoindre notre pause de midi à Friedrichshafen. Arrivés près de la gare, nous trouvons la borne à l’entrée de la Bahnhofplatz. Les badges ne fonctionnent pas sur ce type de borne mais l’application New Motion permet de lancer la charge.

Durant notre pique-nique au bord du lac de Constance, nous observons un dirigeable nous survoler. Belle surprise. Nous sommes en effet dans le fief de Ferdinand von Zeppelin et son musée est à visiter absolument. Nous repartons en direction de Bâle avec une Zoé à 92% en rejoignant la route au plus près du Rhin côté allemand, mais hélas sans jamais l’apercevoir.

A Bâle, lors de la réservation, l’hôtel nous avait assuré pouvoir recharger notre véhicule dans son parking. Hélas, la seule prise disponible est encerclée de véhicules thermiques, invalidant toute possibilité de recharge. Charmant. Nous quitterons Bâle le lendemain comme nous y étions arrivés : avec une Zoé à 49%.


Le 2 octobre 2021 : Bâle - Lyon

Aujourd’hui, nous sommes face à un défi. Nous devons être à Lyon au plus tard à 17h. Pourquoi cet impératif ? L’orchestre national de Lyon joue la 9ème symphonie de Dvorak à l’auditorium et je ne voudrais pas rater cette merveille. Comme Zoé a fait disette à Bâle, il nous faut rapidement trouver une borne intermédiaire avant notre pause de midi à Besançon.

Nous trouvons notre cible à Beaucourt, à côté de Montbéliard, sur le parking d’un supermarché U disposant de 4 places pour véhicules électriques dont aucune n’est occupée. Le temps de faire quelques emplettes pour le déjeuner (et une petite charge pour Zoé), nous repartons à travers l’Alsace en direction du Doubs. Les petites routes empruntées serpentent de vallons en vallons, entre pâturages et forêts.

Nous débarquons à Besançon sous un beau soleil. Hélas, les deux places pour véhicules électriques du parc Chamars sont déjà prises. New Motion consulté, nous replongeons dans le trafic pour rejoindre la seule borne encore disponible du parking Saint-Paul.

Une fois le déjeuner dégusté sur les bords du Doubs, nous reprenons le trajet en direction de Lyon. Nous suivons la N83 sans difficulté en contournant Lons-le-Saunier puis Bourg-en-Bresse. Pour terminer notre parcours je décide d’emprunter les autoroutes A46 puis A42 sur quelques kilomètres afin de rejoindre le quai Charles de Gaulle au niveau du parc de la Tête d’Or. Zoé s’engouffre dans le parking des Halles La Pardieu à 16h45. Le défi de la journée est réussi et la voiture affiche encore 13% de capacité.


Le 3 octobre 2021 : Clermont-Ferrand - Lyon

Le retour à Clermont-Ferrand se passe sans encombre sur une route que je connais bien (un trajet de 170 km) traversant le Forez et les villes de Sain-Bel, Feurs, Thiers et Lezoux.


Quelques impressions sur ce voyage en véhicule électrique :

Ce véhicule apporte un indéniable agrément de conduite : le dosage de la vitesse se fait sans changement de rapport et lors des descentes, le mode régénératif est suffisant pour ralentir la voiture sans utiliser la pédale de frein.

L’utilisation conjointe du mode eco, d’accélérations douces et d’une vitesse ne dépassant pas les 90 km/h permet de prolonger l’autonomie du véhicule au-delà des 400 km et ce quelque soit le relief.

Le chargeur de la Zoé à 22 kW de série correspond bien à la capacité des bornes actuellement mises à disposition des usagers.

Lors de ce trip, je n’ai pas constaté d’incivilité sur les points de recharge.Tous les véhicules stationnés sur ces places étaient électriques.

Dernier volet : le prix du “carburant” pour ce voyage de 2394 km a été de 59.99 euros en électricité. 

Au vu des données recueillies tout au long du voyage, notre moyenne s’établit à 11.8 kilowatts au 100 km, ce qui porte la capacité théorique de la voiture à 439 kilomètres pour une charge complète.







Commentaires

  1. Voici un récit intéressant, où un conducteur s'adaptant aux capacités de son véhicule, esquive l'adage "toujours plus vite, plus loin" si prisé de nos jours par tant d'entre nous. Il (re)découvre la joie de prendre le temps de la route, le temps d'admirer un paysage, le temps de s'arrêter. En un mot : Il voyage. Bravo le routard.

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